Après les déclarations la semaine dernière de Julien Rancon, leader français de la course de montagne, les réactions ont été nombreuses de la part des dirigeants et cadres techniques. La tendance n'est pas franchement à l'accalmie.
Julien Rancon, numéro 1 en France de la course de montagne, s'était plaint dans nos colonnes du manque de considération de la FFA pour sa discipline. (Voir article précédent). Il conditionnait sa participation aux championnats d'Europe qui se dérouleront en France en juillet entre autres à l'évolution de sa situation personnelle.
Une forme d'ultimatum rejeté quasiment en bloc, à commencer par Philippe Propage, membre des instances dirigeantes de la FFA, qui pense que ce sera là au contraire «L'occasion de montrer leur valeur : les athlètes devraient en profiter pour donner tort » à ceux qui ne leur font guère d'honneurs, jusqu'à Pierre Toussaint, patron du hors stade dans la Loire. Même si l'ancien recordman du monde du 1 000 mètres déclare : « Je ne peux pas lui donner tort sur tout ! ».
Le ton n'est guère différent lorsque Jean-Jacques Renier qui coordonne le hors stade au niveau national pense que la « montagne » est de plus en plus prise en compte : pour preuve ces stages plus nombreux, l'inscription de la discipline sur les listes ministérielles du haut niveau, ces équipements en tout point semblables à ceux de nos plus glorieux athlètes
Tout irait donc pour le mieux ? Pas vraiment ; certes, l'unanimité se fait sur la piètre prestation des Français à Saint-Galmier lors du Mondial de cross : Pierre Toussaint parle de «La grosse désillusion du demi-fond français et les abandons sans gloire de certains qui devaient apporter des lauriers ». Pour autant, il comprend bien que l'on puisse se poser la lancinante question du « Et après ? ». Après la gloire, les honneurs et les victoires, quand arrive le moment de retourner à l'anonymat. « On ne peut, dit-il, laisser au bord de la route des gens qui ont un nom et qui ont alors des états d'âme. Mais ce jeune aurait dû se tourner vers son club, ou vers la CD CHS. Des formations peuvent être étudiées au cas par cas : on est dans un département où le haut niveau est pris en compte. » Car de toute façon, inutile de rêver à un emploi réservé, : l'armée par exemple ne souhaite plus s'engager après les problèmes de dopage qu'a connus le demi-fond. La solution sera donc locale, ou ne sera pas.
Et la participation aux championnats du Monde ? Particularité de la course de montagne, il y a chaque année un championnat d'Europe, et un championnat du monde ; « La discipline se décrédibilise » pour Frédéric Augagneur, président du comité de la Loire. Mais c'est comme ça, du moins pour l'instant. Et la France ne participera pas au championnat du Monde, du moins en l'état actuel des choses : c'est ce qu'a décidé la direction technique de la FFA.
Le DTN maintient le cap
Problème : la Loire organise le championnat de France fin Août à Saint-Alban, et le comité départemental avait fixé comme condition à la prise en charge de cette manifestation la participation des Français au Mondial. De quoi donner en effet du piquant à l'épreuve. Frédéric Augagneur a depuis assoupli sa position et semble maintenant accepter l'oukase fédérale.
Ce qu'acceptent mal les athlètes ; car si tous font en général les deux types d'épreuves - la montée sèche et la montée-descente - ce ne sont généralement pas les mêmes qui brillent dans l'une et dans l'autre. Le patron français du hors stade l'admet bien volontiers : « Là où le bât blesse, explique Jean-Jacques Renier, c'est pour le prochain championnat du monde. Le DTN a peur que l'on se disperse, mais ce ne sont pas les mêmes athlètes (qui peuvent ramener des médailles). Pour moi, je n'aurais pas hésité. » Cette participation de plus en plus hypothétique, ça ne ressemblerait pas à un marché de dupes ? Réponse embarrassée du même : « Ben, oui. »
Pas de quoi arranger les rapports entre les hommes de terrain de la CHS et les instances fédérales : « Ils ont loupé l'invasion de la CHS et nous considèrent encore comme des « beausseignes ». De quoi ont-ils peur ? Est-ce qu'il y a des problèmes entre l'équipe technique et les élus de la FFA ? » s'interroge Pierre Toussaint. Et pour revenir à ce France et ce Mondial, il enfonce le clou : « Sur le fond, il y a un partenariat à respecter. Inutile sinon de traiter avec la fédération. » Voilà qui est clair ; il serait d'ailleurs étonnant que l'affaire reste en l'état.PHILIPPE DÉCOT
Ce qu'en dit le Directeur technique national
Voici le point de vue de Franck Chevallier, DTN d'athlétisme : « Je ne conditionne absolument pas la participation de l'équipe de France aux championnats du Monde aux résultats des championnats d'Europe. Il est important que la France brille à Cotterets (où sont organisés les Europe) ; si la course de montagne veut être reconnue, il faut qu'elle brille. Il est hors de question de répéter ce que l'on avait connu à Saint-Galmier il y a deux ans où l'équipe de France avait été laminée (au Mondial de cross).J'ai indiqué en début d'année que le hors stade ne participerait qu'à une épreuve internationale d'envergure. La « montagne » a chaque année un championnat d'Europe, et un Mondial, ce qui est un peu ridicule. Nous, on ne vise qu'un seul objectif, c'était un choix stratégique de ma part.Si l'équipe brille au championnat d'Europe, pourquoi pas alors envisager une participation au Mondial. Mais à Cotterets, il y a des enjeux importants. De toute façon, on ne peut envisager d'être brillant à l'un de ces deux championnats et pas à l'autre.La porte n'est pas fermée, mais si on passe à côté, on n'y pense même pas. Tous n'ont pas compris les enjeux et leurs intérêts personnels passent avant ceux de l'équipe de France. Et ça, je ne peux l'entendre.Ce Mondial, on en discutera au lendemain du championnat d'Europe en fonction des résultats et de toute façon, ce ne sont pas les athlètes qui fixent les objectifs de l'équipe de France.Si certains n'adhèrent pas à cela, il vaut mieux effectivement qu'ils changent de discipline. »
Ce qu'en dit le Directeur technique national
Voici le point de vue de Franck Chevallier, DTN d'athlétisme : « Je ne conditionne absolument pas la participation de l'équipe de France aux championnats du Monde aux résultats des championnats d'Europe. Il est important que la France brille à Cotterets (où sont organisés les Europe) ; si la course de montagne veut être reconnue, il faut qu'elle brille. Il est hors de question de répéter ce que l'on avait connu à Saint-Galmier il y a deux ans où l'équipe de France avait été laminée (au Mondial de cross).J'ai indiqué en début d'année que le hors stade ne participerait qu'à une épreuve internationale d'envergure. La « montagne » a chaque année un championnat d'Europe, et un Mondial, ce qui est un peu ridicule. Nous, on ne vise qu'un seul objectif, c'était un choix stratégique de ma part.Si l'équipe brille au championnat d'Europe, pourquoi pas alors envisager une participation au Mondial. Mais à Cotterets, il y a des enjeux importants. De toute façon, on ne peut envisager d'être brillant à l'un de ces deux championnats et pas à l'autre.La porte n'est pas fermée, mais si on passe à côté, on n'y pense même pas. Tous n'ont pas compris les enjeux et leurs intérêts personnels passent avant ceux de l'équipe de France. Et ça, je ne peux l'entendre.Ce Mondial, on en discutera au lendemain du championnat d'Europe en fonction des résultats et de toute façon, ce ne sont pas les athlètes qui fixent les objectifs de l'équipe de France.Si certains n'adhèrent pas à cela, il vaut mieux effectivement qu'ils changent de discipline. »
Propos receuillis par Philippe Decot pour La Tribune le Progrès
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